Etre

Etre – un verbe pas comme les autres

EtreLes mots, c’est notre spécialité sur Une Plume & Une Voix. Certains, toutefois, sont plus accessibles que d’autres. Celui d’aujourd’hui, nous l’utilisons beaucoup, énormément, à toutes les sauces, oserais-je dire. Il n’est pourtant pas si facilement abordable, ce verbe « Etre ».

Nous l’avons approché grâce à des adjectifs : Nous avons essayé d’être heureux, nous avons tenté d’être inspiré. Et c’est vrai que chaque jour, nous sommes plein de choses : nous sommes de bonne humeur, nous sommes en retard, nous sommes dans le RER, nous sommes instituteur, mélomane, fatigué, ému, séduisant, en couple…

Mais ne pourrions-nous pas simplement « être » ? Sans adjectif, sans adverbe, sans complément. Sans ces ajouts qui, en tentant de nous décrire, nous limitent et nous morcellent. Etre tout court. Etre, sans jugement, juste dans l’acceptation de notre globalité. Ce n’est pas une mince affaire. Comment faire alors pour y parvenir ?

Ma réponse décevra forcément : Rien. Il n’y a rien à faire. En effet, on ne répond pas au besoin « d’être » par un « faire ». Et c’est souvent là où nous nous égarons. A force de « faire » nous nous coupons de notre être, de notre lien avec le moment présent. Nous agissons pour réparer hier ou pour préparer demain, mais pendant que nous agissons, point de « je suis », au présent de l’indicatif. Quel paradoxe : Nous passons le plus clair de notre temps à ne pas être dans le présent !

Puisqu’il n’y a rien à faire, alors pourquoi ne pas essayer de ne rien faire ? C’est tentant et c’est pourtant loin d’être évident. Car il ne s’agit pas d’être passif ou endormi, mais bien de ne rien faire, volontairement, consciemment. D’essayer même de ne pas penser. C’est ce que propose, notamment, la méditation en nous apprenant à cultiver notre disponibilité au moment présent et à accepter ce qui est plutôt que de lutter contre. Méditer nous enseigne l’expérience, c’est à dire la connaissance par la présence, par la conscience plutôt que par l’analyse mentale. C’est une pratique exigeante, qui nécessite application, implication et régularité.

Finalement, de nombreuses pratiques nous demandent les mêmes efforts : la pratique sportive sérieuse implique de la concentration et de la disponibilité, idem pour pour la pratique d’un instrument de musique ou la création artistique. Avez-vous observé l’effet de telles occupations sur vous ? Moi je l’ai observé. Quand je chante avec mon groupe ou quand je suis entièrement présente au sport que je pratique, je me sens unifiée, vivante. Dans certains courts moments de présence, le temps n’existe plus, le jugement n’existe plus, la peur n’existe plus. Je crois bien que c’est cela, être.

Cela parait en contradiction avec ce que j’écrivais juste avant, en vous invitant à ne rien faire pour laisser émerger l’être. Ce n’est pourtant pas contradictoire. Il s’agit simplement d’approches différentes, ayant pour but de nous aider à nous recentrer, à vivre le moment présent. Parce que le moment présent est le seul qu’il nous est donné de vivre : le passé se ressasse, se regrette. Le futur s’imagine, se rêve, se craint. Mais si nous voulons être, au sens d’être vivant, en savourant l’instant présent, il nous faut pouvoir le recevoir, l’accueillir, lui faire une place. Il nous faut nous rendre disponible.

Sur notre blog consacré aux notes et aux mots, nous avions déjà abordé une notion de développement personnel avec l’article sur le bien-être grâce au chant. Aujourd’hui, je remercie l’initiative A la croisée des blogs qui nous permet d’intégrer une nouvelle recrue à notre collection de jolis mots, le verbe Etre.

A la croisée des blogs

7 réflexions sur “Etre – un verbe pas comme les autres”

  1. Bonjour à la plume et à la voix,

    Hic et Nunc. Oui. Cela demande beaucoup de connaissance sur soi et en général un Autre (personne ou communauté).

    Perso, c’est dans la marche rando que l’esprit se libère face au ciel et dans la musique non pas celle écrite mais celle jouée, improvisée ensemble.

    Plus loin: il y a deux langages que nous humains modernes maîtrisons à peu près, le verbal et le corporel. Ma présence associée dans le secteur des maladies cognitives m’a fait prendre conscience d’un troisième langage, l’émotionnel ou langage affectif. C’est tout ce qui se passe par exemple entre un mère et son enfant dans les bras: ils ne parlent pas, ne bougent pas et pourtant se disent tant de choses. Idem pour deux amoureux ensemble. Ou pour un malade d’Alzheimer désespéré de sa confusion et qui par un clown ou un ami redécouvre l’échange en se prenant dans les bras ou simplement en pleurant ou riant ensemble.

    Hic et nunc, nos deux amis du jour, sont toujours là avec ce langage là.

    Belle fête des champignons si la stéphanoise monte jusqu’à St Bonnet ce we.

    Et beau we à toutes les deux,

    KaB

  2. Ping : Le partage de 79 auteurs sur le thème "Être"

  3. Vu que tu as écrit au présent que tu chantais avec ton groupe, j’en avais déduit que tu avais un nouveau groupe…. Mais comme le temps n’existe pas et que seul le présent compte, c’est comme si c’était fait hein !! 🙂
    Je suis certain que tu pourras à nouveau partager tes chansons et ton talent avec d’autres gens….. lorsque le moment sera venu (et que tu en auras le temps !!! 🙂 Bien évidemment). 😉

    Pour le reste, ton article est, à mon sens, parfait et cerne très très bien la question de l’ « être » et du « faire ». Je ne vois pas grand chose d’autre à ajouter sinon qu’à ré-écrire ici ce qui a déjà été écrit par des penseurs bien plus éveillés que moi. De plus, je ne suis pas « méditant » (au sens pratiquant de cette discipline) et, même si mon épouse est adepte de cette belle discipline du lâcher-prise, je me garderai bien de m’étendre sur ce sujet (la méditation) que je ne maîtrise pas vraiment .

    Je peux cependant -puisque nous sommes ici sur un blog qui traite de la lecture – conseiller quelques lectures appropriées à cet article qui ont marqué mon mental et qui restent encore pour moi des livres de chevet et des moyens d’évolution personnelle dans ma vie de tous les jours, comme une espèce de mise en pratique de l’ « être » dans l’action.

    – « Le nouveau Testament »…………… Et oui ! 🙂
    – « Jonathan Livingstone le Goéland » de Richard Bach
    – « Illusions ou le Messie récalcitrant » de Richard Bach
    – « Le Ki dans la vie quotidienne » de Koichi Tohei
    – « Le pouvoir du moment présent » de Eckhart Tolle
    – « L’art du Bonheur » du Dalaï Lama et Howard Cutler
    – « Une absence extraordinaire » de Jeff Foster
    – « La guérison spontanée des croyances » de Gregg Braden
    – « Un cours en Miracles » de Foundation for Inner Peace……..

    Voilà. Sans doute que certains bouquins vont au delà du sujet de cet article mais, pour moi, ils s’y rapportent tous. Évidemment il y en aurait bien d’autres mais je vous laisse le soin de les trouver ou de nous les faire connaître ici.

    Je terminerai justement par quelques pensées utiles pour essayer de mettre en pratique l’ « être » et quelques titres de leçons tirées de « Un cour en miracle » :

    – « Connais-toi toi même et tu connaîtras les dieux et l’univers » (Socrate)
    – « N’appartiens jamais à personne » (Titre d’une vieille chanson de Bernard Lavilliers)
    – « Prendre conscience ne suffit pas pour qu’il y ait guérison. Pour qu’il y ait guérison, il faut en plus poser des actes et persévérer » (C.G.Jung)
    – « Le bonheur c’est de continuer à désirer ce qu’on possède » (Saint Augustin)
    – « Je ne suis jamais contrarié pour la raison à laquelle je pense » (Leçon#5 de Un Cours En Miracles)
    – « Je ne vois que le passé » (Leçon #7 de Un Cours En Miracles)
    – « Je ne vois rien tel que c’est maintenant » (Leçon #9 de Un Cours En Miracles)
    – « Mes pensées sont des images que j’ai faites » (Leçon #15 de Un Cours En Miracles)
    – « Je n’ai pas de pensées neutres » (Leçon #16 de Un Cours En Miracles)
    – « Je ne suis pas la victime du monde que je vois » (Leçon #31 de Un Cours En Miracles)
    – « Le pouvoir de décision m’appartient » (Leçon #152 de Un Cours En Miracles)…….

    1. Salut !

      Ton commentaire me donne envie de lire « Un cours en miracle », je suis actuellement en train de lire « L’art du Bonheur » du Dalaï Lama et Howard Cutler, c’est mon livre de trajet en bus ! 🙂
      J’ai adoré « Le pouvoir du moment présent » de Eckhart Tolle et il serait bon que je le relise.
      Pour les autres on verra plus tard, quand la pile de 10 bouquins à lire ou un peu commencés sera bien entamée !

      La citation de Jung me rappelle une métaphore que j’aime bien : c’est bien beau de comprendre que notre vélo avance mal parce que la roue arrière est crevée, mais cette simple constatation, sans action pour réparer la roue, ne le fera pas avancer mieux !

      Tiens, une illustration… Je sais que le blog n’est pas nourri suffisamment ce mois-ci parce que je n’ai pas encore écrit mes articles, le savoir ne suffira pas à le nourrir… Aller la plume, au boulot !

    1. Bonjour Philou, non pas pour le moment. Mais sans doute bientôt, ce partage me manque. Je m’attendais à un commentaire un peu plus fourni de ta part sur un tel sujet. Ça me ferait plaisir que tu donne ton avis 😉

  4. Ping : Verbe être - présent de l'indicatif - Une Plume & Une Voix

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