Je ne le répéterai pas


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Dans un ancien article, je vous présentais Georges Perec et son roman oulipen « La disparition ». Je reviens aujourd’hui avec un nouvel exemple de littérature guidée par la contrainte. Il s’agit cette fois d’un ouvrage d’un centaine de pages au cours desquelles aucun verbe, adjectif ni substantif ne fait l’objet d’une redite, chacun de ces mots n’étant par là même exposé qu’une fois au grand maximum.

Si la dite astreinte à laquelle je me livre volontiers dans mon propos du jour paraît simpliste de prime abord, il apparaît évident que la difficulté de l’exercice croît avec la longueur du texte concerné. Aussi, alors que les lignes s’égrènent sous mon clavier, l’angoisse du doublon m’étreint. Et si une récurrence m’échappait ? Je le devine, la seule méthode pour assurer l’observance de la règle sur la durée reste d’employer des termes et des formules plus incongrus, abscons, et rares les uns que les autres au risque de perdre en chemin un lecteur manquant de pugnacité. En effet, le maniement d’un vocabulaire trop usité et, par conséquent, courant ou fameux, induit l’erreur, le radotage honni, la duplication redoutée !

Il y a donc nécessité de recourir à des pirouettes (cacahouète) et des artifices afin d’expliciter chaque concept en contournant le lieu commun.

Si l’auteur de « Je ne le répéterai pas » nous promet que la rencontre avec son œuvre demeure une expérience cognitive sans précédent, le cerveau du liseur s’adaptant sans cesse à un vocabulaire inédit, je vous affirme pour ma part que l’arrivée jusqu’au terme du document relève d’un mérite certain.

En ce sens, j’adresse mon admiration sincère et mes remerciements cordiaux à toi, fidèle visiteur de ce blog, qui, tel un humble moine observant une ascèse sans faille, brave la sériosité de cet écrit afin d’en atteindre la fin. Pour ma part, commençant à m’habituer à la discipline requise par la tortueuse rédaction de ce papier, j’hésite à envisager de supplémentaires circonvolutions qui, comme nous l’avons déjà expliqué, augmenteraient encore le degré de bravoure de mon exploit journalistique de ce soir. Toutefois, accordant une pensée empathique et compatissante à mes chers amis internautes spectateurs de mon actuel bavardage, je m’interromps ici, non sans avoir désigné l’écrivain québécois dont il est question depuis le commencement de cet essai : G. Levesque.

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