Ecrire sous la contrainte

Non, je ne vous parle pas aujourd’hui de l’arme qui est braquée sur ma tempe pendant que j’écris ces lignes, ni de la discipline de fer que s’impose l’écrivain pour ne pas décevoir son éditeur malgré son angoisse de la page blanche. Ce dont je veux vous parler aujourd’hui, c’est de la contrainte qui libère, celle que l’on s’impose et qui vous ouvre de nouveaux horizons, celle qui apporte l’inspiration alors même qu’elle semble à première vue limitante.

Cela vous parait peut-être curieux, intrigant ou même carrément insensé, et pourtant c’est indéniable : la contrainte libère l’écriture.

Je m’explique : se fixer une contrainte comme, par exemple, un thème imposé, une structure de rimes ou l’utilisation de certains mots, permet de donner un cadre à son écriture, de lui donner une forme alors même qu’elle n’existe pas encore. La contrainte devient une règle structurante. De plus, se fixer une contrainte donne un caractère ludique à l’écriture. C’est un jeu avec un but à atteindre ce qui rend l’écriture motivante. La contrainte devient donc aussi un challenge.

Je vous propose de faire l’essai ensemble. Je joue avec vous, en direct et sans filet ! Fixons nous une contrainte simple pour commencer. Ecrire le récit d’un événement vécu ou imaginé sous forme de vers finissant par la rime « u ». Pas de nombre de pieds imposé ni de structure de strophes pour ne pas compliquer trop l’exercice. C’est parti…

Réveillé ce matin à une heure indue

Par une clameur venant de la rue

A la fenêtre, aussitôt j’ai couru

Pensant voir un tableau inattendu !

Déterminé et bien résolu

A trouver la source de ces cris aigus

A mon balcon presque suspendu

Quelle ne fut pas ma déconvenue !

Point de ce spectacle saugrenu

Du moins depuis mon point de vue

Mais quelle agitation dans la rue

Quel tumulte, quel tohu-bohu !

C’est alors que j’ai entrevu

Le ridicule de mon statut :

A mon balcon, au su et vu

De tous, je me tenais, confus

Comme un ver, pour ainsi dire… nu !

Et voila pour ma part ! Je vous l’accorde, ce n’est pas de la grande littérature, c’est juste un exercice de style, un « entraînement ».

Mais, preuve que c’est un entraînement utile, voici le même exercice, que j’ai fait cette fois avec une rime en A et que j’ai chanté sur une musique composée par un ami: Exercice en forme de A

N’hésitez pas à faire l’exercice chez vous et à poster le résultat sous forme de commentaires!

Pour ceux qui seraient curieux et souhaiteraient une illustration plus littéraire de l’art d’utiliser des contraintes pour écrire, je vous propose la lecture du livre « La Disparition » de Georges Perec, écrit selon une contrainte très forte, je ne vous en dis pas plus…

Une voix

8 réflexions sur “Ecrire sous la contrainte”

  1. Ping : Se noyer dans un verre d'eau - Une Plume & Une Voix

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  5. Ping : La disparition (Georges Perec) - Une Plume & Une Voix

  6. J’ai du mal pour ma part , je file à mes envies de déversement de mots sans réfléchir. Il m’arrive de me restreinte mais il faut que ma petite voix de l’intérieur soit forte ,-) la musique me donne des idees alors je mange celle ci. le texte ci dessous arrive d’une inspiration d’Emilie Loizeau ..l’autre bout du monde ( chanson magnifique) …j dois etre un peu hors sujet..désolé 😉

    L’autre bout du monde, là ou les malheurs de la vie tombent dans les fonds des abysses et glissent pour la nuit des temps . C’est un lieu délicieux ou la sérénité danse avec les fleurs du mal. Ces duos sauvages de tango Argentin plus que lumineux enivrent les pétales de ces belles acides chatoyantes . D’ ailleurs ,ces beautés à corolle amer offrent des couleurs à ces grandes heures folles . Là bas , la mélancolie discute souvent avec la gaieté et sans aucune lutte. Elles s’adorent et filent souvent organiser de magnifiques piques niques sur des nappes chlorophylle. C’est un endroit secret ou seul les rêveurs expérimentés peuvent s’envoler. Pas de billet , pas de première classe ni de réservation , on décolle simplement par une petite téléportation sans prétention.

    il suffit de fermer les yeux et de s’abandonner dans les couloirs des sommeils bleus. Ensuite ,notre esprit s’enfume , un brouillard se soulève et après quelques minutes , une prairie s’illumine…..La suite est pour vous ….

    langevert en live

    1. Je te comprends, Langevert. Je n’ai pas dit que c’est facile… ni qu’on est obligé de passer par là. C’est une méthode, comme une autre, un apprentissage pour aiguiser sa plume et lui permettre de ciseler ensuite les étoffes que l’inspiration lui soumet. Certains n’ont pas besoin de cela. D’autres ont leur propre méthode…
      J’aime beaucoup Emilie Loizeau, je valide la source d’inspiration 😉
      Pour en revenir à l’exercice de l’article… as-tu essayé ?

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